Syndrome de Rett : le bonheur ou le plus grand cadeau d’une mère
Pour Martine Gaudy et Danijela Vlajic, la naissance de leurs filles reste l’un des plus beaux moments de leurs vies.
« Agathe est née quand j’avais 43, c’était le plus beau des cadeaux », témoigne Martine. À 21 mois, la santé d’Agathe a commencé à se détériorer. « Son développement était lent mais c’était mon premier enfant et je ne m’en suis pas rendu compte au début », explique Martine. Agathe ne répondait plus à son nom, alors on lui a fait passer des tests d’audition. Un spécialiste a suggéré une rééducation. Martine n’arrivait pas à comprendre : pourquoi une enfant de deux ans aurait-elle besoin d’une rééducation ? Elle craignait que son manque d’expérience ne soit la cause de cet état. Car il n’y avait en effet aucun problème d’audition et ce fut le début d’une longue série, stressante, d’examens.
Il était en tout cas certain que quelque chose clochait. Martine se souvient : « Agathe criait toute la journée, frappait sa tête contre le sol. Elle ne dormait pas et impossible de la calmer. C’était l’enfer et nous n’avions aucun diagnostic. »
À Budapest, Danijela a connu une situation similaire avec sa fille Eszter. Vers 20 mois, Eszter semblait clairement régresser. Alors qu’elle avait commencé à marcher, son manque de stabilité devenait préoccupant. Elle montrait un comportement autistique et ses mouvements de main devenaient stéréotypés. Comme Agathe, Eszter a passé différents examens sans qu’aucun diagnostic ne puisse être posé.
« Un jour, en rentrant de l’hôpital, j’ai dit à mon mari que je détestais les médecins et les examens, raconte Danijela. Je voulais juste être à la maison avec mon enfant et me moquais bien de ce qui n’allait pas chez elle. Jusque là, il me croyait paranoïaque. Il pensait que le problème venait de moi et non de notre fille. » Mais il a saisi dans Google « stéréotypies des mains » et le premier résultat de sa recherche a été le syndrome de Rett. « Dès que nous avons commencé à lire, nous avons compris que nous tenions notre diagnostic. »
Le syndrome de Rett se caractérise, chez les filles, par un trouble grave du développement du système nerveux central.
Martine aussi a découvert le diagnostic par hasard sur Internet, quand Agathe avait six ans. Elle a immédiatement adhéré à l’Association française du syndrome de Rett. Après avoir siégé au conseil d’administration jusqu’en mai 2011, elle est désormais Secrétaire de Rett Syndrome Europe.
Elle a abandonné un poste à responsabilités pour consacrer son énergie à l’association et au bien-être d’Agathe, qui va dans une école pour enfants à handicaps multiples. « Son père et moi nous sommes séparés. Et je suis infiniment reconnaissante à l’association pour tout son soutien. Il est important pour les parents d’enfants atteints de maladies rares de collaborer et d’instaurer un dialogue constructif avec ceux qui s’occupent de leurs enfants, les institutions, les politiciens », explique Martine.
À Budapest, Danijela a pris elle aussi des décisions drastiques. Quelques semaines après la confirmation du diagnostic, Danijela a découvert qu’elle avait une tumeur à la vésicule biliaire. « C’est là que j’ai pris ma décision. Je voulais être présente pour Eszter. Il était hors de question que cette maladie nous gâche la vie. Je serai heureuse et profiterai pleinement de ma magnifique petite fille. »
Danijela s’est impliquée à la Fondation hongroise pour le syndrome de Rett, dont elle a rejoint le conseil d’administration en 2009. « J’ignorais tout des associations de malades et de ce qu’elles impliquaient, tout comme les autres membres du conseil d’ailleurs. » Malgré ses problèmes personnels, et notamment la mort d’un bébé garçon, Danijela a accepté de présider la fondation pour essayer de la sauver. La manifestation qui l’a le plus encouragée à persévérer a été l’Université d’été d’EURORDIS organisée à Barcelone.
« Grâce à Eszter, je suis devenue plus forte, plus motivée. Je me concentre sur l’instant présent et sur ce qui compte vraiment. J’ai noué des amitiés inattendues, exceptionnelles. J’aimerais tellement que son avenir soit plus radieux. Aussi ma priorité est-elle d’encourager la recherche de traitements adaptés », témoigne Danijela.
Martine fait écho à ces sentiments : « Nous avons un devoir envers nos enfants, celui d’être heureux. »
Communautés en ligne pour les patients atteints de maladies rares
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Cet article a été publié une première fois dans l’édition de février 2012 de la newsletter d’EURORDIS.
Auteur : Irene Palko
Traducteur : Trado Verso
Photos: © Martine Gaudy / Danijela Vlajic